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Noya
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8 avril 2011

Le billet superficiel du vendredi

On a coutume de dire que les temps changent et je crois qu'il n'y a rien de plus vrai. Je prends juste un exemple, un seul, mais il illustre vraiment bien ce propos. On va faire court mais simple : avant, pour se faire bien voir il fallait être bien portant et bien blanc (gros et pâle, n'ayons pas peur des mots). Et aujourd'hui, à l’inverse, il faut être mince et bronzé. D'une époque à l'autre, d'un extrême à l'autre.

 Avant, être gros voulait dire qu'on avait les moyens de bien manger. Les bourrelets, c'était sexy. La cellulite, ça affolait les foules.  On ne se prenait pas la tête si les seins débordaient du corset, au contraire, ça rendait encore mieux. Comme on se faisait faire les fringues sur mesure, on n'avait pas l'angoisse de ne pas rentrer dans son jeans. Et on se poudrait à outrance. Histoire de ne pas ressembler aux vils paysans et vulgaires roturières qui, à force de travailler au grand air dans les champs, arboraient un teint doré. D'ailleurs, à l'époque, on ne disait pas doré mais tanné, brûlé. Berk. Cachez ces joues roses que je ne saurais voir.

Alors qu'aujourd'hui, on est prêt à tout pour ressembler à un Mikado au chocolat au lait. On bouffe n'importe comment pour rentrer dans un pantalon qui ne nous serait même pas allé quand on avait 12 ans. On s'imagine que l'imposteur Dukan est un génie et on se gave de viande, de fromage blanc 0% pendant trois jours. On galère. On rêve de frites et de Fraises Tagada. On perd dix kilos d'un coup et on en reprend 20 après avoir retrouvé une alimentation normale. Game over, same player plays again. On s'habille en noir parce que ça amincit alors que bon, ne l'oublions pas, à la base le noir c'est la couleur du deuil. Belle idée. On scrute sa peau au microscope, on traque la vergeture et la peau d'orange, on devient parano du gras. On s'affame, on fait du sport de bourrin, on a le ventre qui gargouille. Mais c'est pour la bonne cause. Pour être bonnard, tous les sacrifices sont bons. Voilà pour le poids. 

 Et pour la peau, je ne sais pas si c'est pareil... ou bien pire. Au moindre rayon de soleil, on se rue vers une terrasse pour capter quelques UV qui nous brûleront le nez car, bien entendu, on n'aura pas mis de crème solaire. En hiver, pour éviter d'avoir un teint de croque-mort, on a plusieurs solutions:

- Si on a de l'argent, on va au ski bronzer avec une marque ridicule de grosses lunettes. On revient marron grâce à la réverbération surpuissante du soleil sur la neige. Enfin, marron sur le visage, le corps reste blanc. Parce qu’on n'a pas encore inventé les pistes de ski nudistes. Mais bon, j'imagine que ça ne saurait tarder... 

- Si on a pas les moyens d'aller une semaine à Avoriaz, on va faire des UV chez Point Soleil. On se met à poil dans un tube et on ressort rouge. Avec de minuscules marques autour des yeux. Au bout de quelques séances, on deviendra un peu moins rouge, on commencera progressivement à avoir l'air bronzé. Mais bon, la peau aura pris bien cher. Cancer de la peau dans pas longtemps à envisager. 

- Et enfin, quand on est fauché comme les blés, on va chez Monoprix et on achète de l'autobronzant. Après avoir passé environ 50 minutes à hésiter entre Garnier, L'Oréal, Dove ou Mixa, tube, flacon-pompe ou pot, on rentrera plein d'espoir à la maison et on en sortira orange. Et on puera (car le principe autobronzant dégage une odeur nauséabonde), on tachera nos vêtements/nos draps et, au bout de quelques jours, on sera à nouveau blanc comme une endive Prince de Bretagne.

- Dans tous les cas, on a toujours la possibilité de tricher en mettant de la bien-nommée poudre de soleil. On prendra bien garde à en mettre dans le cou et dans le décolleté histoire d'éviter la situation embarrassante où le visage se démarque méchamment du reste du corps (l’effet sundae caramel). Cas de figure observé moult fois par mes soins. J’ai autant de peine pour ces ratages-là que pour les femmes dont les collants sont filés (ex-æquo dans la catégorie "Grand moment de solitude").

Tout ça pour quoi ? Pour ressembler à une personne saine et pleine de vie, comme on en voit dans les magazines (féminins et masculins, après ça dépend juste des parties du corps exposées). Tout ça pour charmer d'éventuels inconnus qui se retourneront sur vous dans la rue en vous disant que vous êtes charmante. Tout ça pour rendre les gens jaloux. Tout ça pour vous sentir mieux dans votre peau. Tout ça pour plaire un peu plus... 

Tout ça pour que, dans quelques années, la mode soit de nouveau à la peau grasse et blanche. Et bam. Retour à la case départ. Vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous avait pas prévenu.

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Commentaires
E
Je suis une précurseuse donc.
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