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Noya
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14 septembre 2019

Les expressions à la con (volume 2)

Je sais bien qu’une langue c’est fait pour évoluer mais il y a des moments où je serais prête à donner un poumon pour qu’on retourne à l’ancienne époque. Ce temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître où on ne s’exprimait pas comme des analphabètes paresseux qui n’ont pas le temps de mettre des cédilles aux c et écrivent donc « sa » à la place de « ça ». Je sais que ça fait mi-réac, mi-vieille conne mais j’en peux plus des expressions de merde. Lesquelles ? Bah celles-ci, par exemple :

« Belle journée » et autres déclinaisons hasardeuses où le mot « bon » est remplacé par « beau » (bel été, belle rentrée, belle nuit)
Bon, soyons pragmatique. Quand une fille est jolie, on dit qu’elle est belle. Pas bonne. Et quand un chapon a de la saveur, on dit qu’il est bon. Pas beau. Ce n'est pas la même chose. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’on a cette agaçante tendance à foutre du beau et du belle à toutes les sauces ? On va finir par se dire le 1er janvier à minuit « Belle année, belle santé » à ce rythme, c’est ça ? « Belles fêtes » ? Moi je dis non. Déjà parce que c’est pas correct, et ensuite parce que la consonance est tout d’un coup considérablement niaise. Un peu comme ces blogueuses à vingts centimes d’euros et ces influenceuses cul-cul la praline (de «  belles personnes ») qui vivent dans un monde rose de paillettes et de licornes où tout est beau, doux et (faussement) apaisant. Remballez les arcs-en-ciel et les fioritures, on veut se souvenir des bonnes choses.

 « J’ai envie de te dire »
Bah dis-le. Et fais pas chier. 

« Je vais partir sur un fondant au chocolat »
Expression préférée des candidats de télé-réalité culinaire. Quand on leur demande quel plat ils ont choisi de réaliser, eh bien miraculeusement, leur réponse sera toujours une phrase où le verbe principal est partir. Pour moi, partir est un synonyme de s’en aller. Mais visiblement pas pour eux. Et encore mieux, ils partent « sur » quelque chose. Alors moi, quand j’entends un gars qui déclare dans le plus grand des calmes qu’il va partir sur un œuf mollet, je me prends à l’imaginer à cheval sur un œuf en train de s’éloigner, façon générique de fin de Lucky Luke. He’s a poor lonesome egg, he is a long way from the kitchen (excusez-moi). Partir sur quelque chose, c’est s’en aller grâce à tel ou tel moyen de locomotion. Enfin plus trop maintenant. Alors venez, on va partir sur une grosse leçon de grammaire pour tous. 

« Le petit apéro qui va bien »
Ah il va bien ? Il était malade juste avant ? Je suis contente de le savoir en forme alors, ça c’est une bonne nouvelle ! Cette petite manie d’accrocher ce « qui va bien » à tout et n’importe quoi (une coupe de cheveux, un type de vin, une fringue, un ingrédient, la liste est longue) est prodigieusement exaspérante. Ça ne veut rien dire ! On aurait pu dire « qui va bien avec » à la rigueur. Mais c’est, semble-t-il, bien trop long et bien trop compliqué. Alors on a préféré dire de la merde. Au moins c’est plus rapide. Et tant pis pour ceux que ça dérange.

 « Les amigos »
Ah ben tu parles espagnol, toi ? Depuis quand ? Je croyais que tu avais fait LV2 moldave ? Non, évidemment que tout le monde ne parle pas espagnol. Mais ce petit « amigos » glissé par-ci par-là est une manière de montrer sa décontraction, son attitude cool et d’apporter une pointe de soleil hispanique dans une conversation et de la rendre tout de suite plus sympa (j’ai failli dire « caliente » mais c’est un autre sujet, pardon). Non, non, et non ! Tu dis « les amis » comme tout le monde, sinon je te noie dans un seau de sangria. Est-ce qu’on dit « les friends » ? Jamais ! Alors on dit pas « les amigos ». Sauf si on est bilingue et qu’on est en train de faire la bringue (j’ai pas dit « la fiesta ») avec des Espagnols à Barcelone. Basta. 

« Je dis ça, je dis rien »
Alors tais-toi, non ?

« Détente »
Je crois que j’ai une haine toute particulière pour ce nom commun qui est employé comme un adjectif et qui a le don de me faire péter un boulon en moins de deux. Exemple, quand on veut parler d’une personne plutôt facile à vivre qui ne se prend pas la tête, on dit : « Ouais, t’inquiète elle est détente ». C’est une atrocité. La logique voudrait qu’on dise qu’elle est « détendue du slip » (ou autre) parce qu’il faut utiliser un adjectif pour la qualifier mais, une fois de plus, ce n’est pas vraiment la priorité. Quand on vous demande si vous allez bien, vous répondez « Ouais, détente ». Mais quoi ? À quoi ça rime ? On a droit d’utiliser un seul mot, c’est ça ? On est en mode économie de vocabulaire ? Si on fait une phrase trop longue on a la bouche qui se bloque ? C'est horripilant. Le pire ? On a pu constater l’émergence de l’expression « en détente ». Si quelqu’un a le numéro de Pivot, j’ai besoin de lui pour venir éteindre ces incendies langagiers.  

« Pas de souci »
L’expression qui a remplacé le « d’accord ». La réponse qu’on reçoit quand on propose un rendez-vous à quelqu’un, qu’on commande un plat au resto, etc. Pourquoi on parle de souci, tout d’un coup ? Je t'ai dit que je te retrouvais à Bastille à 20 heures. Je t’ai demandé une pizza Margarita avec supplément bressaola. Pourquoi tu me parles de problème ? C’est la bressaola qui te revient pas ? Tu peux pas dire « oui » comme tout le monde ? Personne n’a de souci, pourquoi venir en mettre un sur le tapis ? C’est excessivement énervant. 

« Prends soin de toi »
Cette expression qui pue la fausse bienveillance mâtinée de condescendance ne devrait s’employer que dans un contexte : face à une personne malade. Pas à tout bout de champ et tous les jours comme si on était tous en phase terminale d’un cancer de l’intestin-grêle. Que nos parents, nos grands-parents et autres membres de notre famille qui se préoccupent de notre bien-être nous le disent, c’est d’accord. Ils se font du souci et s’imaginent que tous les malheurs possibles peuvent nous tomber dessus tellement on est vulnérable (bisous, les mères juives). On peut le tolérer. C’est touchant. Mais venant du reste du monde, on ne l’accepte pas. Mention spéciale aux ex qui adorent sortir cette phrase de merde pour conclure leur discours de rupture (de merde également). Une manière pathétique et hypocrite de dire « Je t’ai quitté mais ça va aller, ne te suicide pas. Tu vas t’en sortir ». T’inquiète pas, sombre merde, on s’est jamais mieux porté que depuis que tu t’es barré. 

« Échanger »
Ce petit verbe est de plus en plus souvent orphelin. Orphelin de COD. Vous aussi vous avez remarqué que tout le monde dit « C’était bien, lors de cette conversation, on a beaucoup échangé » ? Mais vous avez échangé quoi, les gars ? Des images Panini ? Des billes ? Des Pokémon ? Des MST ? Je sais pertinemment que ça sous-entend « échanger des paroles, des idées  » (je suis pas encore totalement demeurée, merci). Mais dans ce cas, pourquoi ne pas le préciser ? Ça rend la phrase tellement bancale, c’est pénible ! Et le même cas de figure se remarque également avec le verbe « partager ». Le genre d’expression à la con dont les RH raffolent. Et que j’exècre au plus haut point. 

Et vous alors ? Il y a aussi des expressions qui vous énervent ? « Lâchez vos com », comme on disait à l’époque des SkyBlog, je serais curieuse de connaître vos petites bêtes noires à vous. Belle soirée les amigos, prenez soin de vous !

 

Pour info, le volume 1 est juste là 

 

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Commentaires
L
J'ai adoré. Ce qui m'agace le plus c'est "belles vacances belle journée " et le pompon dont tu ne parles pas et qui est devenue expression courante c'est "sur" ... Bravo pour ton article.
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