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Noya
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17 novembre 2022

Les films de Noël

On n’est même pas encore au mois de décembre mais tout est déjà prêt pour les fêtes. Les guirlandes dans les vitrines, le foie gras dans les rayons, les catalogues de jouets dans les boîtes aux lettres… et bien sûr, les films de Noël dans les télés. Ces comédies romantiques parsemées de neige et de niaiseries qui étaient autrefois ringardes et ennuyeuses sont devenues un véritable phénomène de société, un incontournable qu’on se fait une joie de regarder, enroulée dans un plaid et avec des tonnes de snacks Nutriscore F à portée de main.

Un film de Noël, ça commence généralement avec une héroïne qui s’appelle Cindy ou Mary, ou Jane (prononcez Djaïne) qui est super belle, super brillante dans son boulot, qui habite un super appartement en plein centre-ville de New York et qui réussit tout dans sa super vie. Tout, sauf ses histoires d’amour, évidemment. Comme c’est le mois de décembre, elle décide d’aller passer deux semaines dans un trou paumé chez ses parents qui ne l’ont pas vue depuis un an, non pas parce qu’il y a eu le confinement, mais parce que la meuf travaille beaucoup trop et n’a jamais le temps de rien, sauf bien sûr de prendre des Latte au Starbucks avec sa meilleure amie moche mais drôle.

Arrivée dans une ferme du fin fond du Colorado, elle retrouve ses parents qui sont trop heureux de la revoir et lui ont concocté un magnum de chocolat chaud avec un quintal de chantilly dessus. Leur maison est encore plus décorée qu’un musée et, évidemment, Djaïne retrouve sa chambre d’adolescente avec tous ses souvenirs, photos et ours en peluche sur fond de musique attendrissante. Et, alors que tout semble s’annoncer à merveille, on apprend dans le plus grand des secrets que les parents ont une sale nouvelle à annoncer à leur fille, alors que celle-ci est partie faire du shopping en ville avec sa sœur ou autre membre de la famille qui vit aussi dans le bled.

C’est là qu’elle retombe nez à nez avec John, Richard ou John (prononcez Djonne), qui est, au choix : son ancien amour de jeunesse, le frère de son amie d’enfance qu’elle déteste, le voisin de ses parents (qu’elle déteste aussi parce qu’il lui tirait les cheveux quand elle était petite alors que ça lui plairait sûrement aujourd'hui) ou le bûcheron du coin. Évidemment, il est beau comme un astre malgré ses cheveux mal peignés et son look de paysan. Après les traditionnels « Tu as tellement changé », « Toi tu es toujours aussi belle » et des retrouvailles aussi gênantes que foireuses, les deux tourtereaux sont amenés à se revoir très régulièrement. Enfin, juste après la pub.

Que ce soit de manière impromptue (il est venu demander des œufs pour faire un lait de poule et c’est elle qui a ouvert la porte alors qu’elle est en pyjama licorne MAIS avec un brushing impeccable), de manière planifiée (du coup le père lui a proposé de rester pour casser la croûte) ou de manière consentie (comme ils ont trop mangé, ils décident d’aller se promener dans la forêt et puis d'acheter un sapin), ils sont ensemble H24. Et, alors qu’elle le rejetait au début, plus elle passe de temps avec lui, plus elle s’y attache. Dans certains films, le jeune homme est un papa divorcé ou veuf avec un enfant en bas âge très chou et qui adore Djaïne, ce qui apporte au film un petit supplément de sentimentalisme et de mignonnerie.

Alors que la romance semble s’amorcer avec tout ce qu’il faut d’étoiles dans les yeux et de déclarations mièvres, arrive le moment choc où une vérité qui devait rester cachée éclate subitement. Les parents annoncent à Djaïne qu’ils vont vendre la maison, l’ex-meuf de Djonne resurgit pour le récupérer, Djaïne apprend qu’elle doit rentrer plus tôt que prévu pour son taf sinon elle se fait lourder. Et là, le conte de fées est sur le point de virer au terrible cauchemar. L’un des deux se retrouve à prendre l’avion très triste, très fâché ou bien les deux. Et nous, on espère que ça va vite s’arranger. Enfin, juste après la pub.

Finalement, comme par enchantement, après une confession ou un événement impromptu, la situation se débloque. Et, alors que l’embarquement est sur le point de fermer, l’autre débarque à l’aéroport au ralenti, sous la pluie ou sous la neige, avec le cœur en bandoulière en lui disant qu’il l’aime et qu’il ne veut pas la perdre. Et à cet instant, Djaïne et Djonne s’embrassent passionnément. Tout le monde pleure, même l’hôtesse de l’air, même les passagers, et même nous. Surtout nous. 

Après ce happy end tant attendu et absolument pas surfait, on éteint sa télé et on émerge péniblement de son plaid. Il y a des emballages de Kinder partout, notre mascara a coulé, on a les yeux injectés de sang et de la morve au nez. Dehors, il fait froid, et dedans aussi parce qu’on est en mode sobriété énergétique. On se rappelle qu’on est toujours seule comme un rat mort, qu’on n’a pas un rond pour faire des cadeaux et que c’est pas à nous que ça arriverait, ce genre d’histoire géniale, et pas seulement parce que nos vieux n’ont pas de baraque dans le Colorado. Et malgré tout, on se surprend à y croire, et on se dit même que ça pourrait marcher. Parce que, nous aussi, on a finalement très envie de vivre un beau miracle de Noël. 

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